La méthode comparative en politique comparée
L'état de la démocratie libérale en Afrique
Résurgence ou recul ? par Tony Leon*
Résumé
P
our une grande partie de la période postcoloniale, la tendance en Afrique a été à la dictature à parti unique. Aujourd'hui, même les dirigeants africains les plus despotiques souhaitent voir leur leadership confirmé par voie électorale. La démocratie est de plus en plus considérée comme la seule forme légitime de gouvernement en Afrique, mais la plupart du temps les élections multipartites ne sont pas synonymes de bon gouvernement, d‟état de droit et de développement économique. En effet, la corruption, la répression et le sousdéveloppement continuent de déchirer une grande partie de l'Afrique. Au lieu d'accorder une attention particulière aux attributs de la démocratie, les réformateurs africains devraient se concentrer sur la construction de sociétés libres caractérisées par la séparation des pouvoirs, l‟existence de contre-pouvoirs, l'indépendance des médias et du système judiciaire, des restrictions au pouvoir présidentiel, à la durée et au nombre de mandats possibles, et ainsi de suite. La transition de l'Afrique vers la démocratie libérale est peu susceptible de se produire sans de profondes réformes économiques ; en fait, toutes les démocraties libérales sont également des économies de marché. Malheureusement, de nombreux pays africains sont non seulement politiquement répressifs, mais aussi économiquement dirigistes. Une augmenta-
tion de la liberté économique et l'émergence d'un secteur privé dynamique peuvent apporter des avantages économiques directs, tels que des revenus plus élevés, et les avantages indirects, tels que la décentralisation du pouvoir. Comme le démontrent les cas du Kenya, de l‟Afrique du Sud, et du Zimbabwe la diffusion de la démocratie libérale en Afrique peut être ralentie par un certain nombre d'obstacles importants. Les luttes interethniques de pouvoir non résolues conduisent souvent à des tensions ou des