La nouvelle héloïse, rousseau, explication de texte
Rousseau, La Nouvelle Héloïse (1761)
Le désir, terme venant du latin desiderare : « aspirer à », est la prise de conscience d’une tendance orientée vers un objet connu ou imaginé. Ce penchant qui est propre à l’homme se distingue du besoin en ce qu’il enveloppe toujours l’imaginaire. C’est la raison pour laquelle le désir est en général accompagné d’un sentiment de privation, de manque, voire de peine. L’opinion commune voit donc dans le désir une source de souffrance à cause de ce sentiment de vide, de manque, qu’il convient alors soit de combler, soit de supprimer. Faut-il par conséquent supprimer ses désirs ou nécessairement les satisfaire pour être heureux ? Selon Rousseau, philosophe des Lumières, aucune des deux alternatives n’est la bonne. Dans La Nouvelle Héloïse, œuvre publiée en 1761, Rousseau réfute l’opinion commune sur un ton plutôt provocateur et affirme que le désir est indispensable au bonheur et même, il vaut mieux -selon lui- vivre dans les illusions du désir que dans la réalité, trop décevante par rapport au monde imaginaire.
L’auteur exprime ainsi sa thèse dans les lignes 1 à 3 : le bonheur est dans le désir et non dans sa réalisation. Puis, il présente des lignes 3 à 8 son premier argument justifiant la thèse avancée : l’imagination, que le désir stimule, apporte, grâce à une « force consolante », du plaisir à l’homme en créant une image rendant l’objet désiré présent et sensible. Des lignes 9 à 15, Rousseau amène son second argument qui veut que la satisfaction du désir constitue une déception : la réalité ne peut rivaliser avec la beauté de l’objet imaginé. Enfin, le philosophe tire la conclusion de son argumentation dans les lignes 16 à 21 : l’homme, s’il veut rester vivant et humain, ne peut se priver de désirer sans devenir misérable.
Mais y-a-t-il réellement plus de bonheur dans les illusions du désir que dans la jouissance que procure son accomplissement ? Les illusions