La nouvelle raison du monde
Essai sur la société libérale, Pierre Dardot, Christian Laval,
Editions La Découverte, Paris, 2009, 497 pages
Note de lecture
Ce livre se situe en continuité directe avec celui de Wendy Brown [1], dont un compte rendu a été publié dans le numéro 27 de cette revue.
Les auteurs expliquent qu’il s’agit d’un travail collectif, qui fait suite à un séminaire organisé en collaboration avec la revue Actuel Marx. Ce sont donc des marxistes à l’origine, c’est en quelque sorte leur découverte de l’individu au travers de l’analyse du néolibéralisme actuel. C’est aussi l’abandon ouvert des notions de d’infrastructure et superstructure.
Cet ouvrage nous livre leurs conclusions sur l’analyse de la période contemporaine et ses mutations. Ces conclusions nous alertent sur les enjeux et le danger de cette nouvelle étape du capitalisme. Leur constat est simple et important :
Ce qui est en jeu n’est ni plus ni moins que la forme de notre existence, ceci concerne notre façon de nous comporter, notre façon de nous rapporter aux autres, notre façon de nous rapporter à nous-mêmes.
Le capitalisme actuel nous impose, sans que nous en rendions compte, une norme de vie bien précise. La compétition et l’efficacité sur le modèle de l’entreprise deviennent la règle. Le changement interne au capitalisme construit, influence fortement notre subjectivité et notre vivre ensemble.
C’est un ensemble normatif qui touche le domaine politique vu le poids des forces capitalistes aux postes de décision. Dans l’économie, c’est le capital financier mondialisé qui domine tout. Dans le champ social, l’individualisation des rapports sociaux s’impose alors que l’influence des organisations collectives recule. Au niveau subjectif, un nouveau sujet se construit et de nouvelles pathologies psychiques apparaissent.
Pour Dardot et Laval, la nouvelle raison du monde, c’est une nouvelle façon de « faire monde », qui possède une telle puissance qu’elle force l’intégration de