la nuit sacrée
Le choix du titre :
Pourquoi Ben Jelloun choisit La Nuit sacrée comme titre à son ouvrage plutôt que La Nuit du destin (la traduction littérale de l’arabe au français) qui renvoie normalement à Leïlet el Qadr ? Si nous traduisons Leïlet El Qadr en français, nous trouverons qu’elle signifie exactement La Nuit du destin . C’est-à-dire, celle qui renvoie au texte sacré, Le Coran, et par conséquent, à la parole divine. Là, Tahar Ben Jelloun ne fait pas une traduction littérale de ce qui est dit dans la quatre-vingt-dix-septième 10 sourate du Coran, mais il essaie de donner des synonymes allant de l’arabe au français pour que le lecteur sente un certain échange linguistique ou même culturel. C’est également grâce à cette nuit que Zahra réussit à vivre vingt ans sous la peau d’un homme sans que personne ne se rende compte de sa vraie identité, si ce n’est elle-même qui décide de se délivrer après le décès de son père. C’est ce que nous pourrions expliquer par l’acceptation divine de la prière du père, en cette belle nuit qui vaut mieux que mille mois 11 , où aucun vœu n’est refusé. Donc, nuit sacrée et pour le père et pour la fille. De ce fait, même le choix du titre explique l’emprunt que fait l’auteur au patrimoine culturel du Maghreb. Prenant du jour de la descente du Livre de la communauté musulmane un titre à son ouvrage pourrait expliquer un jeu sur l’harmonisation des mots ainsi qu’un va-et-vient entre l’oral des Maghrébins et sa mise à l’écrit.