VIII - La peintureL'art qui caractérise par excellence les goûts, les tendances de la société du XVIIIe siècle, c'est la peinture. Elle a traduit exactement les diverses et contradictoires physionomies de ce monde bigarré, mouvementé, à la fois sérieux et frivole, primesautier et raisonneur, dans lequel on aperçoit des grands seigneurs et des comédiennes, des financiers et des philosophes, des marquises déguisées en bergères et des maltôtiers habillés comme des ducs. La peinture offre le vivant tableau de leurs mœurs. Elle raconte leurs fêtes et dit leur caractère; elle nous initie aux moindres détails, nous fait pénétrer dans tous les milieux. Elle n'est pas seulement historique et mythologique, dans les appartements officiels et dans les palais royaux, comme durant le grand règne; voici que les peintres des fêtes galantes la font descendre du sévère Olympe et l'animent de leurs grivoises fantaisies. Elle s'humanise, devient familière, cherche moins à être imposante qu'à plaire et amuser. Puis, la voici encore sous un autre aspect, dans les pastorales que compose Boucher. Les encyclopédistes signalent-ils l'avènement de la bourgeoisie, la peinture célèbre le rôle de ces nouveaux venus sur la scène politique, que jusque-là elle avait dédaignés, et l'on voit Chardin représenter les modestes logis, Greuze s'intéresser aux drames domestiques. Les paysagistes sont en plus grand nombre qu'à l'époque précédente; mais la nature reste encore pour eux un livre fermé; ils n'en rendent pas la poésie, et ne voient en elle qu'un décor tout au plus digne de servir de fond à une scène mythologique ou à des ruines de monuments antiques. Les marines de Joseph Vernet, pas plus que les tableaux de Lantara, de Hubert Robert ou les chasses d'Oudry, ne sauraient prétendre au titre de paysages. On comprend que nous ne puissions faire ici en détail l'histoire de chacun de ces genres de peinture. Force nous est de nous en tenir à des indications générales. La tradition décorative de ce que