La philosophie de Diderot

La philosophie de Diderot consiste en une vaste enquête sur l’homme.

Quelle est la nature de l’homme? Quel est le sens de son destin? Voilà les questions qu’il se pose.

Les explications métaphysiques sont immédiatement rejetées. Le recours à l’idée de Dieu est écarté pour deux raisons: 1) l’existence de Dieu serait incompatible avec l’existence du Mal, 2)Dieu serait impensable et ses attributs contradictoires. L’idéal des “Pensées philosophiques” est le libre épanouissement de l’homme libéré de la crainte de Dieu.

Pas de métaphysique alors mais une morale. Pour la fonder, il faut savoir ce qu’est l’homme et s’il est libre. Dans cette perspective l’attitude de Diderot est contradictoire. D’après son siècle, il semble faire confiance à l’homme et fonde la morale sur le plaisir que l’on éprouve à faire du bien et sur l’horreur que l’on ressent pour le mal. Il n’est plus question de péché originel: l’homme peut parvenir à un heureux équilibre des instincts et des passions.

La morale illustrée par Diderot dans ses drames (Les fils naturel, Le Père de famille) nous peignent un monde idéal où la vie est bonne, les gens vertueux sont heureux, les méchants malheureux. Mais cet optimisme facile ne peut pas le satisfaire; dans des moments de dépression, il trouve les hommes méchants et la vie mauvaise. A la question si l’homme aime vraiment la vertu et s’il est perfectible, Diderot ne donne pas de réponse. Il a beau utiliser le mythe du bon sauvage (Supplément au voyage de Bougainville), il n’y croit guère. Ainsi on aboutit à une impasse: la méthode de l’analyse morale reste insuffisante.

On va alors tenter de répondre par la méthode scientifique, en considérant l’homme non plus comme une entité morale mais comme un organisme.
C’est la première étape vers le matérialisme. Nos connaissances, nos idées nous viennent des sens: donc notre morale est relative, dépendant de l’état de nos organes (Lettre sur les aveugles..). Les