La philosophie et la science selon gaston bachelard
La première moitié du XXe siècle est traversée par un thème philosophique majeur, décrit par le philosophe allemand Edmund Husserl, entre 1934 et 1937, dans un ouvrage publié post mortem, intitulé La Crise des sciences européennes et la phénoménologie transcendantale. Cette crise des sciences européennes, qui est aussi une crise éthico-politique, est selon Husserl le produit d'un divorce progressif entre la philosophie et la science. Pour Husserl comme pour Bachelard, le remède à cette crise de la raison consiste à renforcer la discipline philosophique à l'égard des sciences. Si pour le premier, il s'agit d'immobiliser la science pour l'adapter à la philosophie et à la vie, pour Bachelard, il s'agit d'adapter la philosophie à la science contemporaine. Pour ce faire, ce dernier estime que le Nouvel esprit scientifique doit rompre avec l'esprit classique des philosophies cartésienne et kantienne.
L'épistémologie de Bachelard
La réflexion de Bachelard sur les sciences rompt avec la réflexion classique dans la mesure où il qualifie cette dernière d'immobile. En effet, Bachelard estime que l'épistémologie en tant que pratique de la raison ne doit pas rester sur ces acquis cartésien et kantien. La raison est dynamique, mais ce dynamisme n'est pas naturel. La raison a tendance à s'immobiliser, parce qu'elle rencontre sur son chemin des "obstacles épistémologiques". Ceux-ci sont des intuitions premières, des évidences, non remises en cause par l'esprit et qui du coup entravent le progrès scientifique. Le rôle de l'esprit philosophique est alors de lever ces obstacles en les questionnant. Cependant, la philosophie peut devenir à son tour un obstacle au progrès scientifique.
La philosophie comme "obstacle épistémologique"
Pour Bachelard, c'est le cas des philosophies cartésienne et kantienne dans la mesure