La photographie
La photographie contemporaine se distingue d’une pratique de la photographie classique par de nombreux aspects.
En particulier, elle a su se libérer des « deux alibis » que dénonçait Roland Barthes dans un article de 1977 : « tantôt on sublime [la photographie] sous les espèces de la "photographie d’art" qui dénie précisément la photographie comme art ; tantôt on la virilise sous les espèces de la photo de reportage, qui tire son prestige de l’objet qu’elle a capturé ». La photographie intéressait pour des qualités issues de l’ingéniosité du photographe ou en tant que témoignage héroïque. A partir de la fin des années 70, elle commence à être utilisée pour ses caractéristiques propres.
Tout d’abord, elle est pensée comme un outil conceptuel plutôt que technique.
C'est le cas chez Bernd et Hilla Becher, souvent apparentés à l’art conceptuel. Ils photographient de manière systématique des bâtiments industriels avec une technique traditionnelle, desquels ils dégagent une approche esthétique et documentaire. Leur enseignement à Düsseldorf influence toute une génération d’artistes, Thomas Ruff et Andreas Gursky, entre autres, dont les photographies monumentales, retravaillées par la technique numérique, explorent les limites du réalisme.
Cindy Sherman, quant à elle, interroge les effets de la multiplication des images, due aux mass media, sur notre interprétation du réel et nos comportements.
Certains artistes, comme Sophie Calle, revendiquent même le fait d’ignorer les subtilités des manipulations techniques. Ils font appel, le cas échéant, à des photographes professionnels pour réaliser leurs clichés. Car l’essentiel de leur travail est ailleurs, la photographie ne représentant qu’un des éléments visuels de leur