C’est dès le début du XXème siècle que la photographie fait son entrée dans le domaine artistique. Elle va alors insuffler un nouveau courant de création, mais aussi de nouvelles problématiques. En effet, étant considérée jusqu’alors comme une pratique « mécanique » de production d’image, elle va mettre quelques années à se placer en tant que pratique artistique. Cependant, même si elle est aujourd’hui reconnue en tant que telle, elle bénéficie encore de différents statuts. C’est ce que soulignait Roland BARTHES dès 1977. La photographie intéressait pour des qualités que mettait en avant le photographe, ou comme témoignage. C’est à la fin des années 70 qu’on l’utilise pour ses caractéristiques plastiques propres.
On peut dire qu’il y autant de manières de considérer la photographie qu’il y a d’artistes à utiliser la photographie. Dans la deuxième moitié du XXème siècle, des pratiques majeures usant de la photographie se sont distinguées. La première étant la photographie comme archive, document ou trace iconographique de ce qui n’est plus. La seconde étant l’œuvre photographique, la photographie en tant qu’œuvre pour ses propres qualités plastiques et esthétiques. Mais nous verront par la suite que ces deux tendances, loin de former une stricte dichotomie, sont au contraire intrinsèquement liées. En effet, on ne peut affirmer totalement qu’un artiste ayant une pratique photographique se distingue plus dans l’une ou dans l’autre de ces catégories.

LA PHOTOGRAPHIE : DOCUMENT ET ARCHIVE

1- Art et non-art

Certains artistes photographes commencent à apparaître à la fin du XIXème siècle. Alfred STIEGLITZ réalise à partir de 1890 un travail de photographe moderne, les débuts du photojournalisme, et fonde la revue Camera Work en 1897, qui présente pour la première fois de la photographie en tant qu’œuvre d’art. Plus tard, des artistes, comme Marcel DUCHAMP, vont avoir recours à la photographie pour conserver des traces d’œuvres éphémères (Duchamp fait appel à