La politique de sauvegarde et ses outils
Yassine Ouageni
Un nouveau contexte culturel
La consécration du patrimoine bâti historique parmi les préoccupations de l’Algérie d’aujourd’hui n’est pas le fruit du hasard. Pour autant, on ne peut dire qu’il s’agit de l’initiative illuminée et sensible des gouvernants, mais d’un fait naturel, certes attendu, qu’il est plus juste d’attribuer à l’effet inéluctable du temps sur le déroulement des étapes historiques depuis l’indépendance à nos jours.
Il a fallu le temps d’une génération. Le temps que le «mur de Berlin», construit à la hâte au nom de l’absurde en défiant la raison, s’effondre dans un geste spontané dont personne n’avait prédit le jour. Il a fallu une génération pour que tout naturellement le «mur de Berlin » mental, ce «mur de la honte » que l’Algérie a érigé dès l’indépendance dans le rapport avec son propre héritage historique, s’effondre en donnant simultanément et dans le désordre la légitimité de conscience à tous les acteurs impliqués dans la question du patrimoine. Le patrimoine devient donc aujourd’hui un allié sûr d’un développement authentique. S’agit-il d’un renouveau ? Au vu de la profondeur des mutations qui investissent simultanément tous les secteurs et, notamment, la société civile, il s’agit de toute évidence de la mise en oeuvre d’un chantier total qui atteste de la manifestation d’une nouvelle conscience culturelle collective. Cette dernière se traduit actuellement par un nouveau rapport établi avec l’héritage historique dans son sens le plus large, en impliquant sans discernement l’ensemble de ses catégories matérielles et immatérielles.
Une nouvelle politique et des outils appropriés
C’est dans ce nouveau contexte culturel1 que l’Etat a réagi en apportant les réajustements nécessaires aux textes fondateurs de la culture algérienne et, en particulier, la révision de la loi sur le patrimoine culturel2.
La nouvelle loi, promulguée en 1998, actualise substantiellement les