22 PENSÉE POLITIQUE

Le politique
Le politique est un ordre d’activités humaines, appliqué à la résolution pacifique de ses conflits par une espèce conflictuelle, grégaire et privée de tout dispositif inné de contrôle de la violence. La paix est la fin du politique.

L’espèce humaine se distingue dans le règne vivant et animal par le fait que son humanité n’est pas programmée génétiquement dans son contenu, mais seulement au titre de virtualité. Nous sommes biologiquement aptes au langage, mais nous devons apprendre à parler une langue particulière dans un milieu culturel particulier. La nature humaine définit des virtualités, dont les actualisations sont culturelles. La transition des virtualités naturelles aux actualisations culturelles pose à l’humanité et à ses représentants un certain nombre de problèmes, qui doivent être impérativement résolus, si l’espèce et les sociétés dans lesquelles elle s’incarne, doivent survivre. Chaque problème de survie définit un ordre consacré à sa résolution. La solution du problème est la fin de l’ordre considéré. La fin impose à son tour des problèmes de réalisation et de moyens, dont les solutions composent le ou les régimes de la fin. Par définition, il existe au moins un bon régime, celui qui est naturellement congruent à la fin, et un mauvais, qui lui est contraire et en éloigne. Le politique est l’ordre chargé du problème posé par la conflictualité humaine. Sa fin est la paix par la justice. Son régime naturel est la démocratie. La conflictualité de l’espèce humaine a trois sources principales. La première est une disposition agressive commune à tout le règne animal. Elle a une valeur adaptative manifeste, puisqu’elle permet aux individus d’une espèce de se défendre et de se battre au service de la vie et de la survie. La deuxième n’est pas réservée à l’espèce humaine, mais elle y prend des dimensions inédites. Trois biens rares sont l’objet de convoitises irrésistibles de la part des individus : le pouvoir, le