La poèsie
La poésie, pour peu qu’on veuille descendre en soi-même, interroger son âme, rappeler ses souvenirs d’enthousiasme, n’a pas d’autre but qu’elle-même, elle ne peut pas en avoir d’autre, et aucun poème, que celui qui aura été écrit uniquement pour le plaisir d’écrire un poème (...). La poésie ne peut pas, sous peine de mort ou de défaillance, s’assimiler à la science ou à la morale ; elle n’a pas la Vérité pour objet, elle n’a qu’elle-même.
D’abord, la poésie est « l’art de combiner les sonorités, les rythmes, les mots d’une langue pour évoquer des images, suggérer des sensations, des émotions » ( Le Petit Larousse illustré, 1992). La langue devient son matériau, les termes y sont scrupuleusement choisis, et chaque détail a été pensé. En fait, elle constitue une œuvre d’art, et on pourrait aisément la comparer au David de Michel-Ange, en guise d’exemple. Ainsi, si je changeais les mots d’un sonnet comme si je m’attaquais au marbre d’une sculpture, je briserais l’œuvre. Voilà pourquoi, le matériau s’y lie indissociablement. Par conséquent, elle ne se traduit pas, parce qu’on ne parviendra jamais à recréer le même rythme, les mêmes sonorités, les mêmes rimes. En outre, cela explique peut-être pourquoi on considère un poète comme un « écrivain » et un prosateur, un « écrivant ». Effectivement, si nous poursuivons dans le même ordre d’idées, le poète, de son utilisation de la langue, est davantage perçu comme un artiste qu’un prosateur, puisque pour ce dernier, elle ne représente qu’un moyen de faire passer son message.
Ensuite, la poésie possède deux fonctions. La première est de