La poésie contemporaine
1. RAPIDE PANORAMA DE LA POESIE CONTEMPORAINE. A la fin de la guerre, dans les années 45-50, la poésie est à un carrefour, qui ressemble d’ailleurs à une série d’impasses. - La poésie engagée de la guerre a fait son temps, et révélé ses limites. Elle convenait certes à une période où les choses étaient claires (bien/mal) ; poésie militante, transparente, et évidemment facile. Benjamen Péret en avait d’ailleurs, dès cette époque, contesté la validité (Le Déshonneur des Poètes). - Le Surréalisme, fondé notamment sur la métaphore qui rapproche de manière de plus en plus arbitraire les choses, vit ses derniers feux. - Le lyrisme refait son apparition, autour de couples exemplaires (Aragon/Elsa, Eluard/Nush...), avec un retour à l’alexandrin, au blason, avec quelque peu de pompiérisme, quelques belles réussites... Mais là encore, illusion d’un monde transparent, que la poésie peut simplement « dire » sans s’interroger sur elle-même : « Le tout est de tout dire... » - Reste enfin la vaticination à la René Char ou à la Saint-John Perse (retour à des formes quasi religieuses : le poète redevient voyant, vates...) - ... et l’impasse de la « poésie blanche », qui, en réaction contre toutes les formes de lyrisme, politique, religieux ou amoureux, tend à des formes minimales, dont l’absolu est évidemment la page blanche – comme, en peinture, les tableaux monochromes ou carrément blancs.
Aujourd’hui, on assiste à une certaine perte des illusions, et des repères : le monde, les valeurs, ne sont pas transparents, le langage lui-même est objet d’interrogations : - dans sa fonction référentielle : le rapport entre le mot et le monde ne va pas de soi ; - dans sa fonction poétique.
1. D’où certaines recherches sur le signifiant lui-même, et une certaine opacité liée à l’opacité du monde... L’absence de transparence, dont Rousseau, déjà faisait si cruellement l’expérience, est au