La poésie n'est-elle qu'un jeu avec le langage?
Certes, la poésie joue avec le langage. Pour s'exprimer de manière esthétique, le poète utilise les mots, les sonorités, le rythme et la plasticité du langage. Dans « Un Jour qu'il Faisait Nuit », Robert Desnos invente un « langage cuit » par opposition au « langage cru », grâce aux antithèses omniprésentes. En outre, l'ensemble des poèmes du corpus intègre l'aspect phonétique du langage. Le poète joue avec les sons et de ce fait, consciemment, reproduit un plaisir auditif. Dans le poème de Max Jacob, la paronomase, procédé qui consiste à rapprocher des paronymes, est présente tout au long du poème et provoque la redondance des sons « age » et « ège ». De même, la contrainte respectée par le lipogramme de Raymond Queneau donne au poème des sonorités fantaisistes voire ridicules. D'une autre manière, Du Bellay utilise le pôle phonétique dans son poème « Nouveau venu... » en répétant dix fois l'occurrence « Rome », ainsi que des allitérations et assonances issues de ce mot, produisant un effet