La preuve en histoire
Dans la phase de la construction du travail historique le document est incontournable, comme le rappelait à juste titre Henri-Irénée Marrou, dans son ouvrage De la connaissance historique, « on ne peut atteindre le passé que par les documents ».
Mais pour « atteindre le passé » il est indispensable de savoir questionner le document, de lui poser les bonnes questions, et cela pour éviter de tomber dans une paraphrase inutile. Cette obligation est d'ailleurs soulevée par Lucien Febvre qui rappelle que pour faire parler le document il faut l'interroger: « l'historien ne va pas rôdant au hasard à travers le passé, comme un chiffonnier en quête de trouvailles, mais part avec, en tête, un dessein précis, un problème à résoudre, une hypothèse de travail à vérifier ».
Ces questionnements évoluent en fonction des débats historiographiques et épistémologiques. Ainsi en prenant exemple sur nos recherches nous pouvons relever une évolution dans l'interrogation des sources. On peut observer ce processus à la vue de l'évolution des recherches faites à propos de la police, et plus généralement des forces du maintien de l'ordre, civiles et militaires. En effet jusqu'aux années 80 ces recherches étaient faites par des personnes issues du milieu judiciaro-policier, ainsi cette histoire prenait alors une tournure institutionnelle ou hagiographique. Par conséquent l'aspect social de cette question, concernant le travail de ces acteurs, leur carrière, leur point de vue sur leur métier n'étaient pas traités. Pour faire cette histoire les historiens s'étant emparés du sujet, sous l'impulsion notamment de Jean Marc Berlière, utilisèrent les même archives mais empruntèrent d'autres points de départs munis d'autres postulats. On peut trouver un mouvement similaire dans l'historiographie de l'anarchisme en France comme nous le montre notamment Vivien Bouhey, dans l'introduction de sa thèse Les anarchistes contre la République, dans laquelle il tente de