La prose du transsibérien
En 1903, Blaise Cendrars, alors âgé de 16 ans, effectue un long périple en quête d’aventures en traversant la Russie à bord d’un train sur la célèbre voie de chemin de fer : le Transsibérien. Dans un long poème en vers libres, écrit en 1913 et intitulé La prose du Transsibérien, le poète fait le récit de son voyage en compagnie d’une jeune fille perdue de Montmartre nommée Jehanne de France. Nous en étudierons les premiers vers qui marquent déjà que le poète dépasse le récit d’un souvenir de voyage pour faire du voyage une aventure poétique. Si le poème fait la part belle à l’expression d’un sentiment personnel au lyrisme, comme nous le verrons dans un premier temps, il n’en demeure pas moins qu’il recrée ses souvenirs par l’écriture. Nous démontrerons alors que son voyage devient une inititation poétique.
I. Le lyrisme du poème
a) la portée autobiographique du poème
● un épisode réel de la vie de Cendrars : emploi du « je », référence à son âge à l’époque, coupure entre passé évoqué et présent de l’écriture (« en ce temps-là » premiers mots du poème, emploi marqué de l’imparfait qui renvoie à une état révolu « j’étais », « j’avais » + renvoie à une sorte de légende personnelle, débute un peu comme un conte)
● évocation de son activité poétique (v. 9 « j’étais déjà si mauvais poète » + « la légende de Novgorode » )
b) l’image de l’adolescent
● Un adolescent caractérisé par son ardeur : le dynamisme du poème Le champ lexical du feu : « ardente », « brûlait », « temple d’Ephèse », « Place Rouge », « soleil » + associé à la lumière « mes yeux éclairaient » + le rouge, couleur de la passion et du feu dévorant
=> Associé à la symbolique du feu et aux allusions à la poésie, cela fait du poète une figure de Prométhée, un voleur de feu
La symbolique du feu renvoie au pseudonyme de Cendrars : « braise », « cendres », « art » et à l’image du Phénix, oiseau mythique qui renaît de ses cendres
Dynamisme du rythme irrégulier du vers