Chaque hiver nous entendons parler de la population des Sans Domicile Fixe qui sont devenus les “stars médiatiques” * des périodes de Grand Froid. Nous sommes sollicitées à composer le 115 pour faire des signalements. La France entière est mobilisée pour “sortir” de la rue les “SDF”, les mettre à l’abri, pour qu’aucun d’eux ne dorment dehors. Pourtant force est de constater que nous entendons parler d’eux sans jamais vraiment savoir qui ils sont, sans saisir la réalité de leur quotidien, du “jour après jour”. Lorsque nous entendons parler des personnes Sans Domicile Fixe, l’image qui nous vient en premier est celle du clochard, sale ou salit par la vie, assit ou debout dans un coin d’une rue, la tête baissée, le regard vide, ou qui dort dans la rue sur une bouche de chaleur, ou encore celui qui fouille dans les poubelles à la quête de quelques restes alimentaires...Puis nous vient à l’esprit ceux ou celles qui font la manche, qui viennent parfois déclamer leurs difficultés dans les rames du métro ou les couloirs d’une gare... Rarement nous pensons au jeune homme qui marche dans la rue, sac au dos, ou à la femme qui se promène avec son enfant dans les jardins publics. L’expression “SDF” nous est devenue commune. Mais les réalités qui la composent nous échappent encore.
Dans une note de recherche, “les “S.D.F.”, de qui parle t-on?” *, Julien Damon nous propose une étude à partir des dépêches AFP (1), dans laquelle il souligne que bien qu’il apparaisse que le terme S.D.F soit le plus couramment utilisé depuis une dizaine d’années dans le débat public, “il rassemble et agrège désormais les significations de sans-logis (privé de logement), de sans-abri (victime d’une catastrophe), de clochard (figure pittoresque n’appelant pas d’intervention publique structurée), de vagabond (qui fait plutôt peur), ou encore de mendiant (qui sollicite les personnes dans l’espace public)”. En somme, des phénomènes assez différents assemblés sous une même appellation. Phénomènes