La question
Sans que notre correspondant – probablement s’en rende compte, pareille manière d’envisager les choses implique une vision de la société et de la Justice, opposée aux bases de notre civilisation.
Réginald de Béco, avocat au barreau de Bruxelles, Président de la Commission Prisons de la Ligue belge des droits de l’homme, s’emploie à le montrer.
C’est Voltaire, dans son livre Zadig ou La destinée, qui écrit en 1747 : « Le roi avait perdu son premier ministre. Il choisit Zadig pour remplir cette place. […] C’est de lui que les nations tiennent ce grand principe : qu’il vaut mieux hasarder de sauver un coupable que de condamner un innocent » (Zadig ou La destinée – Histoire orientale, Chapitre VI, Le Ministre, Le Livre de poche, 2008, n° 3131).
Voltaire dont nous savons qu’il s’est battu toute sa vie contre l’injustice et les abus du système judiciaire. Dans « l’affaire Calas », il prit fait et cause pour cette famille protestante de commerçants toulousains dont un des six enfants, Marc-Antoine, étudiant en droit, s’est pendu un soir, à la poignée d’une porte de la maison familiale, après avoir appris de ses professeurs qu’il n’obtiendrait jamais son diplôme en raison de sa confession religieuse dite hérétique. Les corps des suicidés, à l’époque, subissaient un jugement infâmant et ne pouvaient bénéficier de funérailles chrétiennes, étant morts en état de péché mortel… Epouvantée, la famille décida de faire passer son suicide pour un accident.