La recherche de la grande dimension est-elle inéluctable pour les entreprises dans le système capitaliste ?
Des petits ateliers des canuts au XIX° siècle aux «géants» mondiaux des télécommunications de ce début de XXI° siècle, l’entreprise capitaliste s’est profondément transformée et agrandie. On est bien loin des «atomes» envisagés par la théorie néo-classique du dernier tiers du XIX°. La dimension des entreprises peut être appréhendée de différentes manières. L’agrandissement des centres de production renvoie à la question de la concentration des systèmes productifs. Il apparaît théoriquement à trois niveaux différents: à celui de l’établissement, à celui de l’entreprise et à celui du groupe. D’emblée, il importe de distinguer l’établissement - unité géographique de la production - de l’entreprise - entité juridique comprenant un ou plusieurs établissements. Quant au groupe, il constitue un centre de décision commun à un ensemble d’entreprises formé par une société-mère et par ses filiales. Ces définitions étant posées, la recherche de la grande dimension peut relever de la concentration technique, de la concentration économique et de la concentration financière. Comme les facteurs influençant ces concentrations ne sont pas de même nature, on peut s’interroger sur les transformations techniques, économiques voire psychologiques à l’oeuvre qui affectent la taille des établissements, des entreprises ou des groupes. Pour les établissements, cette taille se mesure la plupart du temps au nombre moyen de salariés par établissement (ou par l’importance du capital technique mobilisé) et pour les entreprises à la part de marché (chiffre d’affaires ou valeur ajoutée) détenue dans la branche d’activité par les trois ou quatre plus grandes. La concentration financière, celle qui concerne les groupes, elle est plus difficile à appréhender parce qu’elle s’opère via des participations financières souvent croisées et parce qu’elle emprunte fréquemment la voie de