La reconversion de friches industrielles en nouveaux lieux culturels est un phénomène récent, qui s’amplifie depuis une quarantaine d’années . Ces friches industrielles sont des espaces bâtis et anciennement occupés par une activité industrielle et désormais désaffectés ou sous-occupés. En effet, l’industrialisation qu’ont connu ces bâtiments au début du XXe siècle, laisse place aujourd’hui à de vastes espaces vides. Ce phénomène, si l’on peut le qualifier ainsi, n’est pas seulement répandu dans des pays « industrialisés » ayant été marqués par la révolution industrielle de la fin du XIXe siècle, puisqu’on retrouve les mêmes phénomènes de reconversion de ces bâtiments en Asie ou en Afrique, comme celui des Abattoirs de Casablanca. Au sud de la Méditerranée, les processus de transformations urbaines ont accompagné la révolution industrielle d’une part avec la domination coloniale européenne et les politiques nationales d’occidentalisation .

Tout d’abord, précisons le sens d’une reconversion industrielle. La reconversion de sites industriels de manière générale permet d’imaginer des usages nouveaux. Celle-ci s’accompagne parfois d’une réadaptation architecturale pour des bâtiments qui, ayant perdu leur fonction initiale, sont désaffectés et réutilisés. Il ne s’agit ni d’une rénovation, ni d’une réhabilitation qui consiste à rendre à un ensemble architectural sa valeur d’usage de départ. La reconversion du patrimoine industriel permet donc d’entrevoir une nouvelle pratique architecturale, différente de celle habituellement suivie par les architectes. Il ne s’agit ni de préservation intégrale, ni de création ex-nihilo, mais d’une démarche qui met en œuvre des approches nouvelles et des langages architecturaux nouveaux .

Les enjeux de la reconversion sont nombreux. Que ce soit des usines ou des fabriques, ces bâtiments ne jouissent pas vraiment d’une réputation flatteuse. Le caractère récent de ces bâtiments ainsi que l’histoire à laquelle ils se rapportent