Si le terme religion est attesté dès l'Antiquité dans les œuvres de Plaute et de Terence au IIIe et IIe siècle av. J.-C.2, il faut attendre les œuvres de Lucrèce3 et de Cicéron4 pour qu'il fasse l'objet d'écrits philosophiques. Cette réflexion sera prolongée par des auteurs chrétiens latins durant l'Antiquité tardive avec le thème de la « vraie religion ». Durant la période médiévale une religion pouvait désigner une congrégation religieuse, dans le sens où « entrer en religion » signifiait rejoindre un ordre religieux5. A cette époque, Thomas d'Aquin définit la religion comme une vertu morale, c'est-à-dire une disposition humaine à faire la volonté de Dieu6. A la Renaissance, les grandes découvertes ont amené les Européens à s'interroger sur la spécificité du christianisme et sur ses ressemblances par rapport aux religions non monothéistes. Au XVIIIe siècle débute une nouvelle phase de la réflexion sur la nature de la religion, notamment avec Locke et Hume dans l'œuvre desquels s'établit une opposition entre religion naturelle et religion positive, c'est-à-dire entre la religion telle qu'elle devrait être selon la raison humaine et la religion telle qu'elle se présente à l'observation. A leur suite, au tournant des XVIIIe et XIXe siècles, une philosophie de la religion a été développée dans les œuvres de Kant7, Hegel8 et Schleiermacher. Cette philosophie a autant marqué celle de Karl Marx que la théologie chrétienne.9 La théorisation de la religion, son étude et sa définition moderne dans les sciences humaines dépend des définitions qui en ont été données par ceux qui sont considérés comme étant à l'origine de la sociologie, en particulier Émile Durkheim et Max Weber. Ce sont de ces différentes étapes historiques que découlent les conceptions modernes de la religion utilisées aujourd'hui dans les sciences humaines. Cependant l'universalité ou la pertinence des définitions qui ont été proposées de la religion est remise en cause, notamment en raison de la