La revolution numerique
Cette mutation, c’est incontestablement l’ouverture d’un nouveau monde de création où chacun peut proposer son contenu, et espérer la reconnaissance de ses pairs. Achevant les principes de la démocratie tels que les a diagnostiqués Tocqueville, Internet c’est aussi l’abolition des hiérarchies. Une IP = une voix aurait pu dire Bentham.
La menace d’un despotisme doux que voyait Tocqueville dans l’État-providence peut également être rendue perceptible avec ces sites qui nous reconnaissent, nous accompagnent dans notre navigation et nous suggèrent ce qui nous ressemble. La personnalisation est partout – pour un web à notre image. Quitte à rendre de plus en plus improbable l’altérité qui fait la richesse d’une rencontre.
On peut voir dans ce processus, une expression de cette technisation à outrance qui touche l’ensemble du monde humain. Dans cette optique, la technique y est alors vu comme une logique implacable, détachée des fins pour mettre en œuvre toujours plus de moyens et des moyens toujours plus puissants.
Michel Melot le rappelle, le livre, tel que nous le connaissons sous sa forme papier, est un marqueur de la condition humaine. Le papier est un matériau organique, la couverture en cuir aussi. Le fil qui relie les pages aussi. Dans le ebook rien de tel. Il n’est sans doute pas anodin à l’échelle d’une culture qui s’est construit sur les livres, de rompre radicalement le support de son savoir et de rompre