La république sera conservatrice ou ne sera pas - adolphe thiers
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En 1872, la Troisième République, proclamée deux ans auparavant par Gambetta, n'a toujours aucune forme fixe dans son administration. L'année précédente, le chef du gouvernement Adolphe Thiers et l'Assemblée Nationale à majorité monarchiste ont signé un pacte à Bordeaux repoussant la rédaction d'une constitution républicaine. Ils espéraient de cette manière pouvoir rétablir la monarchie une fois la France remise de la défaite face à l'Allemagne. Adolphe Thiers, à la fois chef de l’État et du gouvernement est un orléaniste, deux fois Président du Conseil sous Louis-Philippe, avant de se convertir à l'idée d'une république conservatrice. Le 13 novembre 1872, il fait une déclaration face à l'Assemblée Nationale où il prône cette république comme gouvernement légal et inévitable de la France. Ce discours fut une véritable rupture dans la politique française des années 1870. L'étude de ce discours va tenter d'éclairer tout d'abord les raisons du renoncement à la monarchie, puis sur le projet de Thiers d'une République conservatrice comme compromis fédérateur entre toutes les sensibilités politiques. Enfin, les conséquences directes sur la politique française seront abordées, comprenant notamment la chute de Thiers et l'enracinement de la République.
Dès le début de son discours, Thiers clame la République comme gouvernement légitime et légal de la France ; c'est un revirement de situation, qui surprend les monarchistes, majoritaires à l'Assemblée. En effet, l'intervention du Baron Chaurand, député légitimiste ardèchois, rappelle l'accord qui avait été établi entre l'Assemblée et le chef de l'état Thiers. Le « pacte de Bordeaux », est une convention signée l'année précédente, ou les deux entités s'accordaient sur le fait que la mise en place de l'administration et le mode de gouvernement de la France devrait être remis à plus tard, la priorité étant donnée au règlement des indemnités de guerre à l'Allemagne et le combat contre la Commune. En fait, les