La solitude
La solitude qu’un homme peut ressentir quand il est privé de contact avec autrui, n’est pas un simple sentiment exprimable d’emblée comme la colère ou la peur. C’est tout d’abord un fait d’être. Et de ce fait d’être seul naît le sentiment de solitude à partir du moment où l’homme en prend conscience. Mais la solitude peut être choisie ou subie, elle sera bien entendu mieux supportée dans le premier cas. Elle prend une place importante dans certaines activités créatrices, telle la méditation, qui ont besoin de recueillement, de réflexion, de confrontation avec soi-même et de silence. On s’isole alors sans pour autant devenir un marginal, coupé du monde. Mais on peut se aussi se sentir seul au milieu d’une foule, fondu dans la masse. Ce qui crée un antagonisme très bien décrit par Nietzsche : « Dans la solitude le solitaire se ronge le cœur ; dans la multitude c'est la foule qui le lui ronge. Choisis donc ! ».
La solitude apparaît comme une condition indispensable à l’élaboration de notre personnalité, elle peut en effet se poser comme un acte de liberté face aux autres. Il faut donc savoir si autrui est un obstacle à la constitution de soi. Mais, plongés dans la solitude, sommes-nous capables d’être nous-mêmes ?
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La solitude est bénéfique pour apprendre à se connaître soi-même et ensuite pour être soi-même. Pour cela, il faut donc s’éloigner de la société. En effet, l’expérience de la solitude est un véritable besoin, une nécessité, dans un monde tel que le nôtre qui favorise la confusion. Le citadin subit une agression continue dans le tourbillon de la présence des autres, dans la violence psychologique des relations. Il doit absolument conserver « un droit à la solitude » pour se retrouver lui-même et prendre ainsi un peu de recul sur son existence.
Pour Heidegger, il y a une emprise des autres sous la forme indéfinie du « on ». Il parle même de la dictature du « on ». Ce « on » n’est à la fois personne de déterminé et tout le monde.