La theorie de la regulation
Mise en ligne septembre 1994 par Benjamin Coriat
Avertissement
Le texte qu’on va lire prend fondamentalement appui sur celui d’une conférence prononcée à Nagoya en 1986, à l’invitation de chercheurs japonais qui avaient souhaité entendre une présentation de l’école française dite de la Théorie de la Régulation. C’est dire que la communication prononcée alors est fortement déterminée. D’abord parce que, à l’époque, l’ATR n’avait qu’une dizaine d’années d’existence, ce qui est bien peu pour un courant théorique d’analyse économique, et que je disposais, comme on peut le concevoir, d’un faible recul. Ensuite par ce que mes interlocuteurs japonais découvraient la théorie de la régulation. Aucun grand texte n’avait alors été traduit en japonais. Aussi m’en suis-je tenu à ce qui me paraissait vraiment essentiel et caractéristique de l’ATR.
Si pourtant j’ai largement puisé dans le texte initial, notamment dans sa première partie, où je n’ai apporté que des corrections ou des précisions mineures, c’est qu’à la réflexion, et à distance, il m’a semblé que cette présentation pouvait encore être utile, pour un lecteur français, et de 1992. Hormis en effet le livre de R. BOYER de 1986, très peu de textes des auteurs de l’ATR s’attachent à présenter la méthode de l’ATR d’un point de vue comparatif, assumant explicitement les différences avec les autres approches. De plus, le livre de R. BOYER est souvent très elliptique sur les aspects mêmes sur lesquels j’ai de mon côté porté l’accent, dans ma conférence de Nagoya, à savoir les conditions de formation de l’ATR.
Il reste que depuis 1986, l’ATR a beaucoup bougé. Et que la conférence de Nagoya, outre le toilettage auquel j’ai procédé, avait besoin d’être actualisée, au moins sur certains points. C’est ce que j’ai fait, en me centrant sur une question qui me paraît cruciale entre toutes : celle de la prise en compte des institutions, telle qu’elle s’est