La triche, paradigme anthropologique
Etude portant sur le personnage du tricheur dans son milieu naturel
Fanny Parise
Tout le monde triche. Et c’est bien le problème ! La nécessité qu’éprouvent les individus à outrepasser la règle au sein de notre société, démontre la pertinence d’appréhender un fait social démocratisé, mais paradoxalement « dissimulé » car représentant un interdit culturel. La triche est un objet éparse où la figure de Polichinela1 est réactualisée sous les traits de l’Homme moderne.
Le tricheur dont nous parlons aujourd’hui est pluriel. Ses traits se retrouvent dans tout individu désirant s’élever socialement ou du moins conserver sa position sociale. Dans un contexte de montée en puissance du néolibéralisme, notre tricheur entretient des relations stratégiques avec son entourage professionnel et son milieu social. Lorsque son réseau d’appartenances et d’interconnaissances ne suffit pas ou plus à satisfaire ses aspirations sociales, il s’engouffre par exemple, dans les méandres de la formation professionnelle continue (FPC). La requalification professionnelle lui étant présentée comme la clef de la réussite sociale.
Il s’agit de saisir la permanence des logiques d’action du tricheur, analysée au sein d’un contexte précis sur un territoire donné.
La triche, entre mode d’action et « savoir » être en entreprise
La fraude en entreprise est une réalité à prendre en compte dans l’analyse de la « pratique des affaires ». Nombreuses sont les études2 qui témoignent que la fraude n’est pas un phénomène rare, mais symptomatique, d’une tendance actuelle de généralisation de la transgression. En effet, ces enquêtes révèlent que la fraude touche près d’une entreprise sur deux. Cependant, il semble qu’au-delà de la fraude interne et principalement financière (car objectivable), souvent retenue pour appréhender le contournement de la règle en entreprise, d’autres fraudes, d’avantage sociales et donc dissimulées, seraient tout autant présentes dans