La veillee funebre la morte amoureuse de t. gautier
Dès sa naissance en 1811, Théophile Gautier mène une existence romanesque et passionnée. Insatiable voyageur, il parcourt le monde ; Le Pied de momie marque son goût pour l’Égypte. Plus que tout, il écrit des poèmes, des romans dont Mlle Maupin parue en 1835 et des « nouvelles » parmi lesquelles La Cafetière et La Morte amoureuse. Quand ces deux œuvres paraissent, le conte fantastique est en vogue dans toute la littérature occidentale. Parmi les principaux thèmes privilégiés s’inscrivant dans le registre fantastique, on trouve l'animalité, le double et la morte vivante; il s’agit d’un genre qui permet l’irruption de phénomènes irrationnels, inconcevables dans le cadre de la banalité quotidienne. La Morte amoureuse est la première œuvre en prose de l’auteur ; Théophile Gautier exploite ici cette veine originale que représente le conte fantastique. L'extrait qui est proposé de cette œuvre se situe dans la deuxième partie du conte et pourrait s'intituler "La veille funèbre" ; un narrateur s’exprimant à la première personne – il s’agit d’une confession - décrit une jeune femme défunte sur son lit de mort dans un cadre qui la met en valeur et nous livre ses impressions au fil du texte. Le passage s'inscrit dans le discours descriptif entrecoupé de passages narratifs. La description du cadre et le portrait de la défunte sont aussi assumés par un discours marqué par le registre épidictique ; le personnage, Romuald, est un prêtre, et son amour à l’égard de la défunte transfigure manifestement le regard qu’il pose sur elle. Comment le surnaturel fait-il ici intrusion dans le monde réel ? Pour répondre à cette question, nous étudierons d'abord le tableau que le narrateur dresse de Clarimonde et de sa chambre mortuaire, puis nous montrerons comment l'auteur parvient à créer ici une atmosphère d’ « inquiétante étrangeté ».
Le discours descriptif dans lequel s'engage le personnage - narrateur, Romuald, se