La lecture à haute voix
En réalité, ce texte, daté du IVe siècle, s’avère être la première trace d’une nouvelle conception de la lecture comme pure opération mentale. Progressivement, cette vision a engendré une valorisation de la lecture silencieuse «tout d’abord, comme pratique méditative et modèle de la lecture dans les couvents, plus tard dans un contexte profane »[footnoteRef:10] alors que la place de la lecture orale, comme pratique favorisant la compréhension, a été considérablement réduite, jusqu’à être reléguée aux seuls usages religieux et scolaires.[footnoteRef:11] Ainsi, le passage progressif de nos sociétés de l’oralité à l’écriture nous a graduellement fait oublier « la part sensuelle de signification contenue dans les sons »[footnoteRef:12]. [9: Lösener (2018), op. cit. ] [10: Lösener (2018), op. cit.] [11: Jean, op. cit. + Lösener …afficher plus de contenu…
Chaque texte peut, à travers sa construction, suggérer la présence d’une voix. Cette propriété du langage est qualifiée par Hans Lösener d’ articulation vocale. Ce dernier démontre que ce concept est, dans la pratique, très intuitif à percevoir. De fait, qui n’a jamais cru entendre la voix d’un ami en lisant un de ses messages ou encore pensé distinguer toutes les intonations des dialogues d’un roman ?[footnoteRef:69] [69: Source pour tout le paragraphe : Lösener (2018), op.