La mort fée féerique
T
La mort féerique Anthropologie du merveilleux
XII
e-XV e siècle par LAURENT GUYÉNOTBibliothèque des histoiresG A L L I M A R D
LAURENT GUYÉNOT
L A M O R T
F É E R I Q U E
A N T H R O P O L O G I E D U M E R V E I L L E U X
XII e - XV e siècle© Éditions Gallimard, 2011.À Camille et ÉrikaI N T R O D U C T I O N
FÉERIES DE BRETAGNEÞ: ORIGINE ET FONCTION
Un jeune chevalier vit le parfait bonheur avec une fée qu’il est seul à percevoir, la perd en trahissant leur secret, puis …afficher plus de contenu…
Les lais anonymes de la même période sont réunis dans Lais féeriques des XIIe et XIIIeþsiècles [éd. Prudence Mary
O’HARA TOBIN, 1976], trad. Alexandre Micha, GF Flammarion, «þBilingueþ», 1992.10 La mort féerique l’usage médiéval, auquel je me conformerai, les «þBretonsþ» désignent indistinctement les peuples de langue cymrique de part et d’autre de la Manche. Mais on admet aujourd’hui que les «þlais bretonsþ» originaux étaient gallois plutôt qu’armori- cains1. Ils étaient faits pour être chantés, contrairement aux récritures en ancien français de Marie et ses émules.
La mode de ces lais bretons francisés se répand à travers l’«þempire Plantagenêtþ» que parcourent inlassablement le …afficher plus de contenu…
Andrew W.þLEWIS, Le Sang royal. La famille capétienne et l’État (France, Xe-XVeþsiè- cle), Gallimard, 1986, p.þ25-26.20 La mort féerique infidèles ne gagnent rien à la recevoirþ» (De Cura pro murtuis gerenda, IX, 11)1. Mais l’imaginaire funéraire laïc a toujours résisté à l’augustinisme, comme le montre la popularité du
«þmort reconnaissantþ», un thème narratif fondé sur la dette du mort envers celui qui a pris en charge ses funérailles. En fait, de l’Antiquité au Moyen Âge, les conceptions laïques rela- tives à l’après-vie manifestent une étonnante stabilité, c’est-à- dire une grande indifférence aux évolutions de la doctrine dominante. La preuve en est que la véritable spécificité que