La promenade au bois de Boulogne
Chaque époque est attachée à un lieu parisien dont la littérature s’est emparée pour l’élever au rang de topos. S’il est un lieu emblématique de la vie parisienne du XIXe siècle, c’est bien le Bois de
Boulogne, omniprésent dans le roman et la nouvelle de ce siècle de révolutions successives. Le Bois
– expression utilisée pour désigner l’espace vert parisien – se fait le reflet des bouleversements …afficher plus de contenu…
Le peintre Olivier Bertin, héros de Fort comme la mort, aperçoit une magnifique inconnue mais ne sait comment expliquer à la jeune Annette de Guilleroy le véritable statut de celle-ci :
Les fiacres, les landaus lourds, les huit-ressorts solennels se dépassaient tour à tour, distancés soudain par une victoria rapide, attelée d’un seul trotteur, emportant avec une vitesse folle, à travers toute cette foule roulante, bourgeoise et aristocrate, à travers tous les mondes, toutes les classes, toutes les hiérarchies, une femme jeune, indolente, dont la toilette claire et hardie jetait aux voitures qu’elle frôlait un étrange parfum de fleur …afficher plus de contenu…
Poumon de Paris, il permet le repos et la flânerie et donne un spectacle à la fois immuable et sans cesse renouvelé de/à ses visiteurs, habitués ou promeneurs d’occasion, gens chic ou badauds de province. D’abord respiration du texte, suspension de l’intrigue sous forme d’une brillante description, colorée et poétique, la promenade au Bois acquiert une place prépondérante dans la fiction romanesque au point de n’être plus un détail pittoresque et attendu, mais de devenir une scène à faire autour de laquelle se construit l’œuvre. Récurrente ou singulative, la scène du Bois permet une avancée de l’intrigue et une meilleure compréhension des personnages, décrits dans un biotope mondain ou demi-mondain. L’usage qui en est fait et sa signification évoluent au cours