La V république , rupture ou continuité ?
On ne peut expliquer le régime de la V ème République et ses caractéristiques propres qu’en procédant à une mise en perspective historique. La V ème République est en effet, à la fois le produit d’une histoire longue et d’une histoire proche.
D'une part, une histoire longue, qui est c’est celle de l’instabilité institutionnelle française depuis 1789. La V ème République peut s’analyser comme une nouvelle tentative, après bien d’autres, pour trouver l’équilibre institutionnel, le meilleur possible c’est-à-dire un équilibre entre les pouvoirs publics (et notamment entre le pouvoir exécutif et le pouvoir législatif) tel que celui-ci assure la stabilité constitutionnelle. L'on peut qualfier l'histoire politique française de synthèse entre l’autorité et la liberté, entre la nécessaire efficacité de l’exécutif et la non moins nécessaire liberté parlementaire, synthèse surtout entre les grandes traditions politiques qui ont marqué l'histoire française depuis 1789 : la tradition républicaine, la tradition orléaniste (monarchiste) et la tradition bonapartiste. Il est, en effet, facile de retrouver, dans le texte de la constitution de 1958 comme dans la pratique institutionnelle, des traces, avec un dosage inégal, de ces différentes traditions.
D'autre part, une histoire proche : il s’agit là de la III ème et, surtout, de la IV ème République. De ce point de vue, la V ème République peut s’analyser comme une tentative, réussie, trop réussie pour certains, de remédier aux défauts du régime d’assemblée, c’est-à-dire à ce dévoiement du régime parlementaire qu’avait imposé la tradition républicaine lors de la réinterprétation des lois constitutionnelles de 1875 par les républicains dans les années 1877-1880. La volonté d’établir un équilibre correct entre le pouvoir exécutif et le pouvoir législatif a suscité, dès l’entre-deux guerres, des initiatives qui ont débouché sur des crises politiques (affaire Millerand) et alimenté nombre de réflexions, restées