Lalla Solica
Son histoire est authentique et mérite d’être contée. On disait de Solica qu’elle était belle comme le jour et jolie comme la lune, si merveilleusement belle qu’elle pouvait dire au soleil :
« M’éclaires-tu de tes rayons ou bien est-ce moi qui t’éclaire ? » Solica avait une longue chevelure qui descendait jusqu’à terre. Sa mère la coiffait chaque matin. Un jour, en démêlant ses longs cheveux, elle lui fit mal. Solica, fâchée, s’enfuit en courant de chez elle et entra dans une maison voisine arabe dont la porte était restée ouverte. Cela se passait à Tanger. En ce temps-là, lorsqu’une juive pénétrait de son propre gré dans une maison arabe, on considérait qu’elle avait choisi la religion musulmane. Zorah, la femme arabe qui vit entrer Solica, se dépêcha de refermer la porte à clef. Solica comprit qu’elle était captive : « Laissez-moi retourner chez mes parents, je vous en prie ! »

Les arabes restèrent sourds aux paroles de la jeune fille et tous les voisins accoururent pour voir cette juive qui voulait se convertir à l’Islam. Zorah qui avait un fils déclara :

- Cette juive deviendra musulmane. Elle sera ma belle-fille !

- Mais non, répliquèrent les voisins, une juive si jeune, si belle, il faut l’offrir à notre Sultan. Ton fils ne la mérite pas.

C’est ainsi que Solica fut emmenée par les arabes de Tanger à Fès et remise au Sultan qui tomba amoureux d’elle. Il la reçut courtoisement et lui proposa de devenir sa femme. Le Sultan avait déjà une quarantaine d’épouses. Il proposa à Solica de devenir sa favorite. La jeune fille répondit : « Je suis juive, je veux rester juive. Laissez-moi, je vous prie retourner chez mes parents, je ne demande rien d’autre. »

Alors le Sultan, profondément vexé, fit intervenir ses conseillers auprès de Solica. Contrariés à leur tour, ces hauts personnages revinrent trouver la jeune fille accompagnée cette fois d’un garde noir. Ils la menacèrent : « Tu acceptes de te convertir à l’Islam et tu deviens la femme