Laurie.
C'était le moment de la journée pendant lequel je souhaitais le plus être capable de dormir. Le lycée. Ou était-ce purgatoire le bon mot ? S'il existait une quelconque façon d'expier mes péchés, cela devait peser assez lourd dans la balance. L'ennui n'était pas une chose à laquelle je m'habituais ; chaque jour semblait incroyablement plus monotone que le précédent. Je suppose que c'était ma forme de sommeil – si le sommeil était défini comme l'état d'inertie entre deux périodes actives. Je contemplai les fissures qui couraient le long du mur dans le coin opposé de la cafétéria, imaginant des motifs qui n'existaient pas. C'était une façon d'affaiblir les voix qui formaient un brouhaha, comme le flot d'une rivière, à l'intérieur de ma tête. J'ignorai plusieurs centaines de ces voix par pur ennui. En ce qui concernait l'esprit humain, j'avais déjà tout entendu. Aujourd'hui, toutes les pensées étaient tournées vers l'insignifiant drame d'un nouvel ajout au petit corps étudiant du lycée. Il en fallait si peu pour les exciter tous. J'avais vu le nouveau visage répété, pensée après pensée, sous tous les angles. Rien d'autre qu'une humaine ordinaire. L'excitation à propos de son arrivée était péniblement prévisible – comme si l'on montrait un objet brillant à un enfant. La moitié des garçons, se comportant comme des moutons, s'imaginaient déjà amoureux d'elle, simplement parce qu'elle était quelque chose de nouveau à regarder. J'essayai encore plus de faire la sourde oreille. Il n'y avait que quatre voix que je bloquais par courtoisie plus que par dégoût : ma famille, mes deux frères et mes deux sœurs, qui étaient tellement habitués au manque d'intimité en ma présence qu'ils y pensaient rarement. Je leur donnais autant d'intimité que possible. J'essayais de ne pas écouter si je pouvais m'en empêcher. J'essayais tant que je pouvais, n'empêche que… je savais. Rosalie pensait, comme d'habitude, à elle-même. Elle avait aperçu le reflet de son profil