Le banquet
Le Banquet est un texte de Platon écrit aux environs de 380 avant J.-C. Il est constitué principalement d’une série de discours portant sur la nature et les vertus de l’amour (Eros). Le Banquet est avec le Phèdre les deux œuvres de Platon où celui-ci développe sa conception de l’amour. A l’occasion d’une fête organisée en l’honneur du jeune tragédien Agathon, un certain nombre d’orateurs sont invités à faire l’éloge du dieu Amour, ce qui n’aurait jamais été fait. Les discours qui s’enchaînent alors manifestent tous ce que Socrate s’empresse habituellement de critiquer : une certaine forme de doxa, d’opinions convenues, de préjugés, ou de théories ne faisant jamais que refléter – sans distance critique - les mœurs de la société. A cela font justement exception les discours d’Aristophane et de Socrate qui tranchent par leur originalité et leur profondeur.
C’est ainsi que Phèdre aligne dans son discours une somme impressionnante de banalités, plus respectueuses à l’égard des mœurs nobiliaires de l’époque que réellement admiratives à l’égard du dieu Amour (il est ancien, il fait autorité, il est noble, etc…). Pausanias se lance ensuite dans une série de distinctions en apparence plus philosophiques puisqu’il est question de deux Amours, l’un noble et l’autre vulgaire, de même qu’on distingue généralement deux Aphrodite, l’une Céleste l’autre vulgaire. Mais là encore il apparaît que la beauté et la noblesse de l’amour sont toujours liées au respect d’une position sociale convenable ; les vertus morales et les règles sociales que Pausanias demande de respecter au nom de l’Amour traduisent la domination d’une aristocratie conservatrice. De plus c’est une conception de l’amour et (surtout) de la sexualité fort éloignée de la nôtre qui est ici décrite. Nous nous représentons habituellement la relation sexuelle sur le mode de la complémentarité homme/femme. Or les anciens grecs la concevaient plutôt sur le mode d’une relation entre le supérieur et