Le bigboss
A. Vers un plus grand respect des règles classiques en cours d'élaboration
– Un sujet puisé dans l'antiquité romaine : contrairement au Cid trois ans auparavant, Corneille puise ici son sujet dans l'Histoire antique. La principale source d'Horace, et la seule que Corneille ait avouée, est le récit que Tite-Live [-59 – 17] donne de la guerre entre Rome et Albe dans son Histoire romaine. Il est vraisemblable que Corneille se soit également inspiré de l'historien grec Denys d'Halicarnasse [Ier siècle avant notre ère] et de ses Antiquités romaines, notamment pour le personnage de Valère et le discours du chef albain. Chez le premier, « Horatia » (Camille dans la tragédie de Corneille) est « fiancé à l'un des Curiaces », tandis que chez le second, les Horaces et les Curiaces sont cousins. Corneille propose donc en quelque sorte un juste milieu entre la version de Tite-Live et celle de Denys d'Halicarnasse : dans Horace, les liens entre les Horaces et les Curiaces sont civils (mariages entrelacés entre Horace et Sabine et entre Camille et Curiace) et amicaux (entre Horace et Curiace notamment), mais non héréditaires comme chez l'historien grec.
– Des personnages nobles : la liste des personnages présente les Curiaces comme des « gentilshommes », c'est-à-dire des nobles, et les Horaces sont des « chevaliers romains », c'est-à-dire des membres de l'ordre équestre, proche de la noblesse. Enfin le dernier acte voit l'intervention du roi en personne, avec le personnage de Tulle, transcription francisée de Tullus Hostillius, troisième roi de Rome, qui règne de 672 à 641 selon la