Le bressard
Ce soir-là, néanmoins, accroché désespérément au bord d'une gouttière presque effondrée, il n'avait pas vraiment l'esprit à de telles considérations. Il resserra tant bien que mal son étreinte sur le précieux rebord métallique. Le ciel, étendue noire piquetée d'étoiles grises, ne lui avait jamais parut si proche. Il était parfois zébré d'éclairs bleus, et crachait des gouttelettes invisibles qui s'écrasaient sur la toiture en grésillant. Un peu étourdie mais déterminé, les jambes tendues vers le vide, il en souleva une, et, fort de sa souplesse, la ramena vers lui. Sa basket heurta violemment la pierre, dure et humide. Son corps tout entier fût parcouru de frissons glaciales, et , vidé de sa force, ses doigts lâchèrent prise. Il dégringola brutalement sur plusieurs mètres, le souffle coupé,bien décidé à saisir la première chose qui lui passerait devant. Miraculeusement, il se retrouva agrippé d'un bras à une sorte de plaque de granit qui émergeait de la façade. Le choc lui avait littéralement réduit en bouillie sa poitrine, et il aurait juré s'être brisé quelques côtes au passage. Son cœur avait quitté sa place pour venir battre dans sa gorge, d'où son souffle s'extirpait difficilement. Le vent froid glaçait la sueur de son front, sa respiration était rauque, et le grondement de l'orage assourdissait ses tympans. Sans s'autoriser à réfléchir, il se remit a décrire un arc de cercle à l'aide de ses jambes. Il entrouvrit l'oeil et distingua, malgré la pénombre, une entrée creusée dans la pierre, d'où filtrait un jet de lumière.
« Il est là ! » Le faisceaux lumineux oscillait,