Le bruit de la cour et la musique de l'ineffable de l'oeuvre tous les matins du monde
a) Symbolique de la violence
Cette mise à l'index, ce refus de la musique de cour, est visible tout au long de l'œuvre et notamment par trois images. Alors que M. de Sainte Colombe est montré par l'écrivain à la fois comme tendre (p. 16) mais aussi « violent et courrouçable » (p. 16), il fait parler sa force en s'attaquant aux proches d'une telle musique. D'abord, le janséniste, après avoir touché M. Caignet – le joueur de viole attitré de sa Majesté Louis XIV – le « poussait [...] vers la maison » (p. 26). Puis, face à l'abbé Mathieu, « il avait brandi la chaise et la soulevait au-dessus de leurs tête » (p. 30) ; enfin, lorsqu'il apprend que Marin Marais a joué devant le roy à la chapelle, contrairement aux conseils qu'il lui avait prodigués, Sainte Colombe, « qui ne se possédait plus », « brandissait la viole en l'air », « la fracassa sur le manteau de pierre de la cheminée » (p. 67). Cette violence physique qu'il exprime et qui s'adresse de fait au service du roi, à la vanité de l'ambition sociale et mondaine, met en exergue que Sainte Colombe considère ces actes non pas seulement comme un « divertissement » au sens pascalien, mais comme une prostitution malsaine et honteuse de son art.
b) Incompatibilité de la musique de cour et de la musique élévatrice
Selon Sainte Colombe, il n'y a pas de lien possible entre cette musique de cour et la musique qui élève l'âme. A l'instar du rideau séparant la voix de l'enfant et celle de l'adolescent mué, la cloison de la cabane du janséniste derrière laquelle Marais scrute les « longues plaintes arpégées » (p. 96) matérialise la séparation entre deux mondes incompatibles. C'est justement ce que le maitre violiste expliquait à son élève : la musique qui accompagne « les acteurs », « les gens qui dansent » (p. 53), et en particulier le roi, est vaine. D'ailleurs, lorsque M. de Sainte Colombe renvoie une première fois Marin Marais et qu'il lui brise sa viole, l'argent que le