Le buahaus, une évolution constante jusqu’au nazisme
Le Bauhaus vient d’une forme de géométrie pure. On peut le considérer comme le centre le plus important de cet esthétique machiniste, avec tout un optimisme social et une confiance dans le progrès humain. On a pu signaler qu’au départ le but était de créer une œuvre embrassant tous les domaines des arts plastiques. Mais cette tendance plutôt wagnérienne dut bientôt céder la place à l'influence des courants orientés vers la mathématique et la technique : Van Doesburg pensa que le Bauhaus devait changer, et Gropius prônait lui-même, comme thème de ses travaux, l'art et la technique : une unité nouvelle.
A cette époque, une équipe des plus grands maîtres dirigeait le destin du Bauhaus et de ses élèves : Gropius, comme recteur de l'ensemble, et à côté de lui, des artistes comme J.Albers, M.Breuer, L.Feininger, W.Kandinsky, P.Klee, G.Marcks, A.Meyer, L.Maholy-Nagy et O.Schlemmer. Dans l'œuvre de tous ces maîtres, on peut voir, dans les années suivantes, une purification du langage, et une prédominance croissante des formes géométriques, dues à l'influence de De Stijl et du constructivisme russe.
A – La prééminence de la géométrie
C'est surtout vers 1927 que cette orientation devient visible dans l'œuvre de Kandinsky, le grand pionnier de la peinture abstraite : il construit ses tableaux à partir d'éléments presque exclusivement géométriques. Cette grande clarté est due à une analyse méticuleuse de la grammaire et de la syntaxe de la peinture, dont Kandinsky a publié les données dans son livre Vom Punkt zu Linie und Fläche. Cette recherche, qui fut contemporaine et parallèle aux explorations théoriques de Paul Klee, tendait à l'analyse objective du langage pictural, à l'évaluation de ses éléments, à la détermination du poids spécifique de chacun d'eux et de leurs rapports particuliers. C'est donc dans la direction d'une théorie de l'harmonie, d'une basse chiffrée, que le premier maître de l'abstraction,