Le Canada, Octave Crémazie
Crémazie est, pour les poètes modernes, le symbole littéraire par excellence de l’aliénation canadienne-française. En effet, quel que soit le sujet qui pouvait l'inspirer, les poèmes de Crémazie sont toujours l'expression d'une identité nationale, ce qui lui valut d’être considéré comme l’écho sonore de son peuple. Selon le poète, les écrivains québécois parlent un français trop châtié pour être apprécié par la France : « Si nous parlions huron ou iroquois, les travaux de nos écrivains attireraient l'attention du vieux monde », écrit Octave Crémazie à l'abbé Henri-Raymond Casgrain dans l'un des premiers débats épistolaires sur le statut de la littérature québécoise. Or ses poèmes les plus célèbres font partie de ce que l'on appel la poésie d’exil, cultivant la nostalgie d'un passé glorieux et révolu face à une époque décevante, éloigné de la France à laquelle il s'identifie encore. De plus, ses contemporains se reconnaissaient dans ses poèmes, ce qui fait des écrits de Crémazie un miroir de son époque.
Ainsi, Crémazie s'inscrit dans ce que l'on appel le mouvement littéraire et patriotique de Québec, s'étendant plus ou moins de 1860 à 1890. On y retrouve des thèmes récurrent comme le romantisme épique et nostalgique, le culte des héros du passé et des morts, l'éloquence exaltée et le sentimentalisme.
Le Canada
Il est sous le soleil un sol unique au monde,
Où le ciel a versé ses dons les plus brillants,
Où, répandant ses biens la nature féconde
A ses vastes forêts mêle ses lacs géants.
Sur ces bords enchantés, notre