Le catharisme
Les historiens du catharisme acceptent parfois de dire que les bogomiles, voire les manifestations de Rhénanie, de Champagne, des Flandres ou de l’Orléanais, sont des sortes de proto-cathares, mais l’idée qu’il ait pu y avoir une antériorité au catharisme est assez clairement rejetée de façon unanime.
Comme je le disais dans mon texte sur l’histoire des religions, faire de l’histoire des religions en mettant à part, voire en refusant de traiter, l’histoire de la théologie religieuse, c’est vouer son travail à l’échec.
Le simple fait d’imaginer qu’une doctrine religieuse puisse émerger spontanément, presque totalement construite et organisée sur le plan rituel sans qu’il y ait eu des prémices est forcément ridicule. Ce n’est déjà pas possible dans des domaines plus matériels comme les sciences physiques, alors que les découvertes et les progrès y sont souvent plus fulgurants que dans les sciences humaines, qu’il faut une certaine cécité associée à une forme d’obscurantisme pour l’imaginer en matière de religion. Même le christianisme, censé émaner d’un envoyé divin, ne s’est pas construit instantanément. Les réticences et les incompétences dont ont fait preuve les disciples, d’après ce que nous en savons, montrent que les hommes ne peuvent édifier une doctrine qu’avec effort et grâce à un travail de long terme.
Ce qui est par contre très intéressant dans le christianisme, c’est d’observer comment sa construction va se faire à partir d’un noyau central et comment une intervention extérieure va le modifier profondément au point de créer un schisme qui, même s’il fut réprimé en douceur, fut révélateur des difficultés rencontrées par ceux qui avaient côtoyé l’émissaire divin s’agissant de maîtriser son message.
Introduction
Quand on veut étudier l’histoire, qu’il s’agisse de politique, de science ou de religion, il convient d’agir à peu près toujours de la même façon. D’abord on repère l’élément central de l’objet de l’étude. Ce peut être un