Le cinquième poème visible est un poème extrait de A l'intérieur de la vue publié en 1947 par Paul Eluard, poète français du XX ème siècle mais surtout figure marquante du surréalisme connu pour son action artistique engagée. Il s'agit d'un recueil composé de huit poèmes visibles et dont l'extrait proposé à l'étude constitue le cinquième comme son nom l'indique. Ici, le poète de l'amour et de la révolution écrit son œuvre quelques temps après la mort de son épouse reflétant ainsi son combat pour survivre dans sa solitude et sa perdition. 1947, c'est aussi la fin de la seconde guerre mondiale qui résonne chez Paul Eluard comme l'occasion de mettre son écriture au service de l'Histoire. Donc, en quoi cette poésie atypique fondée sur l'expression du désespoir qui s'inspire d'un désir d'observation du monde s'attribue-t-elle des fonctions propres à son genre? Tout d'abord, nous étudierons comment se manifeste la tristesse de l'auteur dans le fond et la forme de son poème puis le message qu'il véhicule lui conférant ainsi une double intention, celle de l'engagement et de l'enseignement.

Tout au long de ce poème, Paul Eluard exprime son désespoir, son affliction face à la perte de l'être aimé et cela de manière très subjective. De ce fait, il confère à sa poésie une fonction lyrique qui transparaît davantage dans la première partie. En effet, on retrouve le vocabulaire des sentiments «le désarroi» (l.20), «la tristesse» (l.9), «l'espoir» (l.31) mais aussi l'emploi de la première personne du singulier «je» à plusieurs reprises qui suggère l'importance du «moi» (l.28). Il y a également toute la thématique du temps caractérisée par l'amplification «saisons» (l.1), «années» (l.2) puis «vie» (l.3) et viennent ensuite «aujourd'hui» (l.21), «demain» (l.22) permettant l'émergence des souvenirs de sa femme Nusch dont la mort le bouleverse «je vis dans les images innombrables» (l.1). Ce temps c'est véritablement celui de la nostalgie. L'expression de la tristesse du poète