Le colonnel chabert
2:AnalyseLaissé pour mort, en février 1807, sur le terrain de la bataille d’Eylau, le colonel Chabert, compagnon d’armes de Napoléon, ne rentre à Paris, après de longues pérégrinations, qu’en 1819, sous la Restauration. Son hôtel est démoli, sa fortune est confisquée, sa femme est remariée au comte Ferraud, homme bien en vue du nouveau pouvoir. Chabert fera appel à la loi pour tenter de retrouver son nom, son rang, ses biens, sa fortune et sa femme. Mais le monde a bougé, la société a changé, la vie a suivi son cours. Hyacinthe Chabert se laisse piéger par la comtesse, malgré l’aide de Derville, mais refuse une « transaction » où il perdrait son honneur. Il préfère abandonner la place et n’être plus que le n° 164, dans l’anonymat d’un hospice. Chabert, c’est l’ancien combattant, l’homme de peu devenu colonel grâce à l’Empire, mais que les temps nouveaux de la Restauration condamnent à l’oubli, si ce n’est à la mort. C’est aussi le revenant, ressuscité d’entre les morts, qui fait figure de mort vivant. Pareil à un fantôme, il est pris pour un fou, et il le deviendra. Anobli par l’Empereur, le héros finit pauvre hère : « quelle destinée, conclut Derville. Sorti des Enfants trouvés, il revient mourir à l’hospice de la Vieillesse, après avoir, dans l’intervalle, aidé Napoléon à conquérir l’Égypte et l’Europe. »