Le complément de possibilité
Priscilla NGAN Yuk Han1 crlao-ehess, université de Lyon III
Introduction
L’étude des constructions « verbe + complément ( dongbu jiegou °Ê ¸É µ² ºc ) » a été l’un des sujets-clés de la recherche en linguistique chinoise depuis le début des années 1950. Plusieurs hypothèses ont été émises sur l’origine et la période d’apparition des structures « verbe + complément ». Aucune d’entre elles n’est actuellement prédominante. Le terme « verbe + complément » n’est pas non plus communément défini. Aussi nous a-t-il paru nécessaire de revenir dans un premier temps sur ces problèmes de définition et d’origine. Des différents types de constructions « verbe + complément », nous avons choisi le suivant, qui compte parmi les structures fondamentales de la langue chinoise : « verbe + complément de possibilité » ( keneng buyu ¥i ¯à ¸É »y ). Nous allons d’abord présenter « de ±o», élément primordial de cette structure, la définition de cet élément et sa situation du chinois bas-médiéval au chinois contemporain (du VIe siècle à nos jours). Ensuite, nous allons rechercher l’origine du complément de possibilité et examiner son évolution. Notre étude couvrira trois périodes : bas-archaïque (Ve – IIIe siècles avant J.-C.), pré-médiéval (du IIe siècle avant J.-C. au IIIe siècle après J.-C.) et haut-médiéval (IIIe – VIe siècles). Les documents que nous choisissons sont supposés être représentatifs de la langue vernaculaire de l’époque 2.
A. Présentation de l’élément « de ±o »
Le mot « de ±o » est à l’origine un verbe signifiant « obtenir ». Au cours de son évolution, il a pris deux chemins parallèles : il garde toujours sa fonction verbale et en même temps, il perd son sens plein, change de fonction syntaxique, et devient un complément de possibilité. Comme le mot « de ±o» traduit à la fois l’épistémique, le déontique et le dynamique, il est difficile de l’interpréter objectivement. Pour cela, plusieurs théories ont