Le conflit en tant que genèse de l'art contemporain au maroc
«Et ainsi partout, à côté des antiques cités marocaines, des cités nouvelles s’élèveront ; ainsi, voisines mais distinctes, unies, mais non confondues, vivront deux civilisations et deux races ; ainsi le Maroc transformé et rajeuni gardera le charme et les séductions du passé. Et à ceux qui se plaisent à oublier les heures présentes dans l’évocation des temps disparus, il suffira, pour marcher dans leur rêve, de s’attarder le soir au pied des mosquées, quand les premières étoiles s’allument au ciel assombri et que descend des minarets l’appel sonore des muézzins. »[1]
L’image du Maroc est en effet celle « du royaume aux mille contrastes »[2], que l’on découvre d’ailleurs à plus large diffusion au travers les brochures touristiques. Qualifiant de la sorte une diversité géographique fort propice à l’offre destinée aux chercheurs de rêves d’Orient, le descriptif touche au plus profond le caractère du pays où une société de tous les contrastes est le noyau de relations conflictuelles dont l’interaction nourrit aujourd’hui la formation d’une culture urbaine contemporaine qui reste à découvrir sous différentes formes d’expression. Les controverses de cette société se situent à plusieurs niveaux et sont, dans leur majorité dûes au fait qu’il s’agit d’une conciliation à faire entre un fond culturel, par essence religieux et une contemporanéité dont les caractéristiques viennent à l’encontre de cette base, d’ailleurs commune au monde musulman en général. Certes, « Le Maroc, terre maghrébine, est ( depuis toujours) un carrefour d’histoire et d’influences, et qui se chevauchent à rythme accéléré depuis le début du XXe siècle. Il a reçu de cette confrontation des influences multiples qui l’ont transformé en profondeur. »[3] Néanmoins, il en est toujours, que son quotidien est un chantier de négociations, opposant l’étranger y résidant au citoyen marocain, le vrai musulman pratiquant du faux[4], la femme à