Le corbusier
Ici, les forts en gueule - anciens marins, ouvriers de raffineries ou du secteur aéronautique - savent faire entendre leurs voix. "Ce passé industriel a développé des habitudes de conflit social et de solidarité, transmises de génération en génération", explique Robert Venturi, président de la régie de quartier, 73 ans dont soixante-neuf passés à Bacalan. "Historiquement, c'est aussi un quartier d'étrangers, avec des Polonais et des Italiens qui ont quitté les aciéries de l'est de la France pour les usines d'ici, complète Didier Periz, un imprimeur-éditeur, autre habitant actif du quartier. Ces étrangers ont été obligés de créer du lien social, sans ghetto communautaire et cette culture a perduré."
Ici, les repas de quartier rassemblent 300 personnes, l'Amicale laïque est apparue vingt ans avant la loi de 1901 sur les associations, le club de foot est le plus ancien de France avec celui du Havre et on vote à gauche depuis toujours. Ici, l'expression "vie citoyenne" prend tout son sens. La municipalité en sait quelque chose : élus locaux et associations se sont mobilisés pour conserver en état de marche la grande écluse. Le tracé du futur tramway a été modifié dans la rue