« On ne saurait accepter qu’une dyarchie existât au sommet (…) le président est évidemment seul à détenir et à déléguer l’autorité de l’Etat. » Cette citation de la célèbre conférence de presse du 31 janvier 1964 du Général de Gaulle, le premier Président de la Ve République, démontre clairement que sa personnalité n’était propice ni à la limitation du chef de l’Etat dans un rôle symbolique, ni à une dualité institutionnelle au sommet de l’Etat. De fait, en instaurant la Ve République, le Général de Gaulle a voulu en finir avec la pratique du Président faible et dépendant des Républiques précédentes, qui ne lui attribuaient en réalité que très peu de compétences. On retrouve sous la IIIe et IVe République un Président en principe doté de nombreux et d’importants pouvoirs, mais qu’il ne peut, en pratique, exercer que de manière insignifiante. Le rôle purement représentatif du Président de l’époque résulte essentiellement de l’instabilité gouvernementale que l’on rencontrait sous ces deux républiques, et du contreseing ministériel qui lui était strictement imposé. Ce contreseing était effectué en grande partie par le président du Conseil, dénommé Premier ministre sous la Ve République.
Le contexte de la conception de la Constitution du 4 octobre 1958 est celui de la crise du 13 mai 1958 et de la guerre d’Algérie. Il allait donc de soi que cette nouvelle Constitution prévoie le renforcement des pouvoirs du Président de la République, alors surtout que leur insuffisance s’était révélée à l’occasion de crises politiques. Toutefois, bien que l’élection du Président au suffrage universel, instaurée en 1962, fasse de lui le premier titulaire du pouvoir exécutif, et qu’il apparaisse comme le personnage principal et prédominant du système politique, le Premier ministre occupe dans le régime de la Ve République une place fondamentale. Le Premier ministre de la Ve République est l’homme politique qui coordonne et mène la politique du gouvernement, et dirige en principe