Le courage selon comte sponville
Partout le courage est admiré. Qui n’admire les héros ? Cet universel accord en devient presque suspect puisqu’il provient aussi des imbéciles et des méchants qui ne sont pas forcément de bons juges.
Le courage peut par ailleurs servir le bien et le mal : fanatisme courageux est fanatisme.
Voltaire disait que le courage n’est pas une vertu, mais une qualité commune aux scélérats et aux grands hommes. Une excellence donc mais en elle-même ni morale ni immorale. A ce qu’il semble, ce qui fait du courage une vertu à nos yeux, qui culmine dans le sacrifice de soi, c’est le risque accepté, encouru, sans motivation égoïste.
Comme trait de caractère c’est d’abord une faible sensibilité à la peur. C’est le courage des ‘durs’, des guerriers. Ce courage-là serait pathologique pour Kant ou passionnel pour Descartes. Le courage en tant que vertu c’est (on pourrait dire au contraire) affronter la peur quand elle est là, c’est une force d’âme face au danger.
Ainsi il serait pivot (‘cardo’, qui donne cardinale) des autres vertus qui sans lui seraient vaines car pusillanimes : ce point de vue est commun à Aristote et saint Augustin. Mais c’est aussi une vertu en tant que tel qui , comme écrivait Cicéron, ‘permet d’affronter les périls et de supporter les labeurs’.
Il apparaît par ailleurs que la connaissance, retirant à la peur ses objets, nous ôte tout au plus l’occasion de faire preuve de courage... ou d’en manquer ; ainsi, savoir qu’une éclipse est un phénomène naturel et inoffensif ne nous donne vis à vis d’elle aucun courage.
Le courage n’est pas un savoir, c’est un acte personnel de refus par la pensée de se soumettre à la peur, de n’accepter de soumettre qu’au vrai.
Comme toute vertu le courage n’existe qu’au présent. Avoir été courageux ne prouve ni qu’on l’est à l’instant ni qu’on le sera plus tard. De même, il n’y a pas de courage à affronter ce qui n’est plus (le nazisme si on veut) ou ce