Le culte de l'e
Dans le texte que nous allons étudier, Robespierre va conserver l’idée déiste de l’auteur de Candide, mais en s’inspirant plus largement des théories théologo-politiques que Rousseau a formulé dans son Contrat Social et dans Le Vicaire Savoyard.
L’extrait du discours étudié présentement fut prononcé à la Convention nationale le 7 mai 1794 par celui qui depuis s’impose en personnage prépondérant du Comité de Salut public.
L’Incorruptible se place alors dans la droite ligne du philosophe genevois en exposant aux députés sa vision de la religion civile et pourquoi les législateurs ont pour devoir d’adopter la même vision : celle du culte de l’être suprême et de l’immortalité de l’âme.
L’emprise de Robespierre n’avait fait que croître notamment depuis l’exécution des dirigeants hébertistes, le 24 mars 1794, ralentissant ainsi la dynamique déchristiannisatrice des athées emmenés par les enragés et les sans-culottes. Ce discours est donc également l’occasion pour lui de rappeler les députés à leur rôle.
Le contexte, l’auteur et le contenu même de ce discours nous amène à un simple paradoxe : Pourquoi instaurer une religion d’Etat dans un contexte de déchristiannisation ?
Pour commencer, nous décrypterons l’opinion de Robespierre sur le rôle des députés en matière religieuse.
Puis nous nous pencherons sur la théorie rousseauiste largement développé ici, selon laquelle la présence de la religion au sein de la société serait facteur de lien social.
Enfin, nous verrons en quoi Robespierre s’inscrit en opposant aux différents fanatismes qui secouent la France au printemps 1794.
I- Le rôle du législateur en matière religieuse 1) Quitter le champ des philosophes pour revenir au plus près de la loi. * Tout d’abord, donc, nous allons tenter de comprendre quel est le rôle des