Le cure et le mort - la fontaine
Introduction:
La Fable « Le Curé et le Mort » est inspirée d'un fait divers relaté dans deux lettres de Madame de Sévigné ; La Fontaine exploite ce fait divers en étoffant son récit de circonstances qui vont lui donner une tonalité et une signification nouvelle. On peut d'ailleurs avancer l'idée qu'il se livre à une sorte de détournement de sens, puisque rien n'indique que la personnalité du curé réel corresponde à celle qui est décrite dans la Fable. La Fontaine se livre à une satire du clergé somme toute traditionnelle dont l'étude correspondra à notre première partie. Nous envisagerons ensuite la dimension fantastique du récit pour nous intéresser enfin à sa philosophie et les rapports qu'elle entretient avec la structure du texte.
I- La satire traditionnelle du clergé.
A- Une jubilation déplacée.
La gaieté fait son apparition dès le vers 3, avec l'adverbe « gaiement »; elle apparaît d'autant plus déplacée, choquante, qu'elle se détache d'une toile de fond funèbre et détonne par rapport à la gravité des circonstances, comme l'indiquent les parallélismes oppositionnels des deux couples d'octosyllabe, avec notamment l'opposition des adverbes « tristement » et « gaiement ». Entre les deux premiers vers et les deux suivants, le rythme s'accélère, devient plus allègre, voire bondissant( tristement: 3 syllabes, gaiement: 2 syllabes, « ce mort au plus vite »: 5 monosyllabes).
On retrouve l'expression de cette désinvolture, de ce même manque de respect dû au mort au vers 4, avec le groupe verbal infinitif « enterrer ce mort au plus vite »: le superlatif adverbial « au plus vite » souligne l'impatience , la hâte à se débarrasser du mort, au risque d'expédier l'enterrement.
Par la suite, le curé semble manifester un zèle suspect, avec l'accumulation de 4 substantifs coordonnées, reliés par la polysyndète. Il y a une sorte de jubilation dans la manière dont La Fontaine ajoute les termes les uns aux