Dans le film Le destin de Will Hunting de Gus Van Sant, on assiste à l’évolution psychologique d’un être en pleine crise identitaire. Il entrera, à l’aide de son thérapeute, dans un processus d’individuation où il fera la rencontre d’éléments extérieurs et intérieurs qui l’aideront par la suite à s’épanouir. Durant cette analyse, nous aborderons les archétypes et les figures archétypiques auxquels il doit faire face ainsi que la forme qu’ils prennent dans son environnement social. Dès le départ, les premières images floues et kaléidoscopiques, qui s’éclairciront peu à peu, nous proposent un voyage dans l’intérieur déconstruit de Will. On enchaîne directement avec les rues pauvres et réprimées de Boston Sud pour en arriver à une prestigieuse université. On y suggère alors le « destin » de Will, mais aussi un contraste nous ramenant symboliquement à sa persona ainsi qu’à ses ombres.

Portons un premier regard sur l’image que projette Will. Venant d’un quartier ouvrier, il nous apparaît comme un jeune dur passant sa majeure partie du temps à boire de la bière avec ses copains lorsqu’il n’est pas entrain de travailler comme concierge à l’université. Au fil des années, il a su se créer une carapace de voyou qui ne se laisse pas marcher sur les pieds et il utilise la violence afin de projeter ses propres ombres sur les autres. La croix qu’il porte au cou exprime son désir de poursuivre une vie dans la conformité et l’aliénation. Le fait qu’il lave les toilettes d’un lieu d’apprentissage démontre bien cette aliénation. Alors qu’il pourrait y faire des études pour mettre en valeur ses capacités, il préfère y opérer un travail qui est à l’encontre de celles-ci. Il ne veut pas avoir de reconnaissance de quiconque et va tout faire pour enfouir au plus profond possible le besoin de s’épanouir. Il dissimule constamment le génie qu’il possède. Cependant, il s’en servira instinctivement comme moyen de défense lorsqu’il sent que la situation est à son désavantage (ou